Galway Kinnell n’est pas un poète conceptuel, les textes de cet homme qui a par ailleurs milité pour les droits civiques et contre la guerre, parlent de la vie des gens, de ceux qu’il voit travailler, s’amuser, aimer et souffrir. Le premier poème s’ouvre par une sirène à l’heure de midi et se clôt par le crachat d’une vieille ouvrière, comme un jet d’or, sur le portail d’une usine.
L’émotion y affleure sans cesse, avec une singulière dignité. C’est un flux d’observations, de méditations qui s’amorce sur de pauvres événements, de modestes souvenirs. Et on est foudroyé quand on s’y attend le moins, par une notation de couleur rapprochant un serpent qui mue d’un homme qui s’efface.
Ce recueil inédit en français, dans une traduction à la fois élégante et fidèle, fait surgir des vivants douloureux que nous sommes une beauté poignante.
Traduction de l’américain par Pascale Drouet.